LE COIN DES THÈSARDS(E)S
Pourquoi ne pas dire les choses franchement ? Près de 80 % des mémoires universitaires et thèses que je relis régulièrement ont déjà fait l'objet d'au moins deux voire trois relectures par des "professionnels".
La longue pratique que j'ai des mémoires universitaires m'a montré que les directeurs de mémoires, a fortiori, de thèses, ont tendance à ne plus diriger grand chose car trop souvent absorbés par des activités administratives. Mais il y a aussi des considérations techniques que tous les directeurs de recherche ne maîtrisent pas forcément.
Un exemple tout bête ? Pour diriger une thèse de doctorat de médecine, il faut être professeur agrégé de médecine ou quelque chose comme ça. Certes. Mais cela fait-il du directeur de thèse un(e) expert(e) en bibliographie ?
Du coup, on se retrouve avec des étudiant(e)s de toutes obédiences - l'exemple de la médecine a été pris tout à fait par hasard - et absolument incapables de planifier une recherche bibliographique, puis de la présenter correctement.
Dans la pratique, une bibliographie de thèse c'est au moins 200 sources dont plus de quatre cinquièmes de sources écrites (ouvrages, articles). Reste ensuite à les présenter correctement.
Or beaucoup de directeurs de recherches ignorent apparemment qu'il existe, par exemple, des normes internationales régissant la présentation d'une bibliographie dans un essai. Et quand j'en parle à des étudiant(e)s, alors ils ouvrent des yeux tout ronds : "Ah, mais personne ne n'avait rien dit !".
Par parenthèse, la dactylographie devrait être enseignée dès l'école primaire comme c'est le cas chez les jeunes aveugles et mal-voyants. Ça vous donnerait des étudiants - à l'instar des Anglo-saxons, et surtout des Asiatiques - capables de saisir un exposé à la volée, donc de produire des tapuscrits bien plus confortables à (re)lire !
Mais je voulais parler d'autre chose : de la thèse.
Une thèse, on a un peu trop souvent tendance à l'oublier, ce n'est pas un super-mémoire de maîtrise - ou de master comme on dit maintenant. Une thèse, c'est une contribution notable à la connaissance portant sur une question donnée. J'invite ceux et celles que ça intéresse à faire une petite recherche sur l'Internet sur la thèse de doctorat de Claude Bernard - décidément, on ne sort pas de la médecine !
En fait, une thèse, c'est un essai qui renouvelle complètement la vision académique que l'on avait sur un sujet donné. En principe, cela ne saurait se limiter à une simple compilation d'autres travaux.
Le fait est que je lis de moins en moins de thèses, mais surtout de super-mémoires de master ! Nous allons, donc, faire rapidement le point.
1. Le statu quo ante. Une thèse commence généralement par un survol de l'état de la question, comme disait un de mes anciens professeurs. Ce qui veut dire que le/la thésard(e) prend les choses là où d'éminents collègues s'étaient arrêtés. Il s'agit d'apporter du neuf par rapport à ce que tous les autres ont dit et écrit jusque là. Conséquence : un juré de thèse chevronné commence par consulter...
2. La bibliographie. Ce qui veut dire que plus les sources sont récentes, mieux ça vaut. Vous avez compris que si vos sources ont plus de 2, 3, 4 ans d'âge, alors c'est que vous n'avez pas pu faire correctement l'état de la question.
3. Le modus operandi, en clair, la méthodologie. C'est fou de voir le nombre de thèses dans lesquelles il n'est pas dit un mot de la procédure adoptée, ni des motivations ayant conduit à cette thèse, des hésitations, échecs, changements de cap, réussites, etc. intervenus au cours de la recherche. Cela devrait constituer une évidence dans toutes les disciplines d'investigation (sciences pures et humaines, technologie, etc.). En clair, je commence par expliquer à mes futurs lecteurs pourquoi j'en suis venu à aborder cette question, ce qui m'a motivé à faire ce travail et ce que j'entends apporter de neuf à la culture ambiante.
4. Les sources. Elles vont beaucoup dépendre du modus operandi, dans la mesure où certains document ayant suscité la recherche peuvent fort bien ne pas avoir été retenus dans la bibliographie, car s'étant avérés inadaptés voire inconsistants. Et c'est là qu'on voit que bibliographie et sources ne se recoupent pas nécessairement. Par exemple, on peut avoir été stimulé sur un sujet donné, après avoir consulté des sources sur Internet. Problème : inclure de manière massive des sources tirées de l'Internet dans la bibliographie d'une thèse ne fait pas très sérieux ! Néanmoins...
5. Internet est une source désormais incontournable, et ce pour une raison simple : rares sont les bases de données (bibliothèques nationales, revues spécialisées, etc.) qui ne pratiquent pas l'affichage en ligne, ce qui fait qu'un nombre désormais considérable d'articles sont accessibles en ligne sur les sites correspondants, de même que la BNF, par exemple, a mis en ligne un catalogue (Gallica) déjà imposant et tiré de son fonds, sans oublier Google... Par conséquent, un(e) bon(ne) thésard(e) doit savoir imposer ses vues face à un(e) directeur/trice allergique à l'Internet par pure méconnaissance de la chose.
Mais on peut tirer encore plus de choses de l'Internet, et pour ce faire, quelques trucs et astuces sont à maîtriser...
6. Astuces : puisqu'un bonne référence bibliographique est une référence physique - ouvrage, article, document audio ou vidéo dûment archivé, objet déposé dans un musée, une collection, une salle d'exposition, etc. - face à la difficulté de consulter, de visu, certains documents déposés dans de lointaines bibliothèques, un(e) bon(ne) chercheur/euse doit pouvoir y faire face en redoublant d'imagination.
Je pense, par exemple, à des interviewes très rares de Marguerite Duras - qui pourtant était fort appréciée des médias - qu'il a fallu transcrire entièrement - d'où l'utilité de la dactylographie - pour y dénicher quelques scoops.
Je pense encore à ceci : un ouvrage rare sur le droit de perpétuité de la propriété intellectuelle et édité en 1855. Problème, on est intéressé par un passage localisé entre les pages 17-19, mais le texte n'apparaît que sous la forme d'une image scannée et est trop long pour être retapé.
Question pratique : comment récupérer un texte de "n" pages en tous petits caractères, numérisé par Google, sans avoir besoin de tout retaper ?
Pour ça, il existe une petite recette qui requiert tout de même un minimum de doigté.
Réponse (peut-être) dans un prochain chapitre !
La longue pratique que j'ai des mémoires universitaires m'a montré que les directeurs de mémoires, a fortiori, de thèses, ont tendance à ne plus diriger grand chose car trop souvent absorbés par des activités administratives. Mais il y a aussi des considérations techniques que tous les directeurs de recherche ne maîtrisent pas forcément.
Un exemple tout bête ? Pour diriger une thèse de doctorat de médecine, il faut être professeur agrégé de médecine ou quelque chose comme ça. Certes. Mais cela fait-il du directeur de thèse un(e) expert(e) en bibliographie ?
Du coup, on se retrouve avec des étudiant(e)s de toutes obédiences - l'exemple de la médecine a été pris tout à fait par hasard - et absolument incapables de planifier une recherche bibliographique, puis de la présenter correctement.
Dans la pratique, une bibliographie de thèse c'est au moins 200 sources dont plus de quatre cinquièmes de sources écrites (ouvrages, articles). Reste ensuite à les présenter correctement.
Or beaucoup de directeurs de recherches ignorent apparemment qu'il existe, par exemple, des normes internationales régissant la présentation d'une bibliographie dans un essai. Et quand j'en parle à des étudiant(e)s, alors ils ouvrent des yeux tout ronds : "Ah, mais personne ne n'avait rien dit !".
Par parenthèse, la dactylographie devrait être enseignée dès l'école primaire comme c'est le cas chez les jeunes aveugles et mal-voyants. Ça vous donnerait des étudiants - à l'instar des Anglo-saxons, et surtout des Asiatiques - capables de saisir un exposé à la volée, donc de produire des tapuscrits bien plus confortables à (re)lire !
Mais je voulais parler d'autre chose : de la thèse.
Une thèse, on a un peu trop souvent tendance à l'oublier, ce n'est pas un super-mémoire de maîtrise - ou de master comme on dit maintenant. Une thèse, c'est une contribution notable à la connaissance portant sur une question donnée. J'invite ceux et celles que ça intéresse à faire une petite recherche sur l'Internet sur la thèse de doctorat de Claude Bernard - décidément, on ne sort pas de la médecine !
En fait, une thèse, c'est un essai qui renouvelle complètement la vision académique que l'on avait sur un sujet donné. En principe, cela ne saurait se limiter à une simple compilation d'autres travaux.
Le fait est que je lis de moins en moins de thèses, mais surtout de super-mémoires de master ! Nous allons, donc, faire rapidement le point.
1. Le statu quo ante. Une thèse commence généralement par un survol de l'état de la question, comme disait un de mes anciens professeurs. Ce qui veut dire que le/la thésard(e) prend les choses là où d'éminents collègues s'étaient arrêtés. Il s'agit d'apporter du neuf par rapport à ce que tous les autres ont dit et écrit jusque là. Conséquence : un juré de thèse chevronné commence par consulter...
2. La bibliographie. Ce qui veut dire que plus les sources sont récentes, mieux ça vaut. Vous avez compris que si vos sources ont plus de 2, 3, 4 ans d'âge, alors c'est que vous n'avez pas pu faire correctement l'état de la question.
3. Le modus operandi, en clair, la méthodologie. C'est fou de voir le nombre de thèses dans lesquelles il n'est pas dit un mot de la procédure adoptée, ni des motivations ayant conduit à cette thèse, des hésitations, échecs, changements de cap, réussites, etc. intervenus au cours de la recherche. Cela devrait constituer une évidence dans toutes les disciplines d'investigation (sciences pures et humaines, technologie, etc.). En clair, je commence par expliquer à mes futurs lecteurs pourquoi j'en suis venu à aborder cette question, ce qui m'a motivé à faire ce travail et ce que j'entends apporter de neuf à la culture ambiante.
4. Les sources. Elles vont beaucoup dépendre du modus operandi, dans la mesure où certains document ayant suscité la recherche peuvent fort bien ne pas avoir été retenus dans la bibliographie, car s'étant avérés inadaptés voire inconsistants. Et c'est là qu'on voit que bibliographie et sources ne se recoupent pas nécessairement. Par exemple, on peut avoir été stimulé sur un sujet donné, après avoir consulté des sources sur Internet. Problème : inclure de manière massive des sources tirées de l'Internet dans la bibliographie d'une thèse ne fait pas très sérieux ! Néanmoins...
5. Internet est une source désormais incontournable, et ce pour une raison simple : rares sont les bases de données (bibliothèques nationales, revues spécialisées, etc.) qui ne pratiquent pas l'affichage en ligne, ce qui fait qu'un nombre désormais considérable d'articles sont accessibles en ligne sur les sites correspondants, de même que la BNF, par exemple, a mis en ligne un catalogue (Gallica) déjà imposant et tiré de son fonds, sans oublier Google... Par conséquent, un(e) bon(ne) thésard(e) doit savoir imposer ses vues face à un(e) directeur/trice allergique à l'Internet par pure méconnaissance de la chose.
Mais on peut tirer encore plus de choses de l'Internet, et pour ce faire, quelques trucs et astuces sont à maîtriser...
6. Astuces : puisqu'un bonne référence bibliographique est une référence physique - ouvrage, article, document audio ou vidéo dûment archivé, objet déposé dans un musée, une collection, une salle d'exposition, etc. - face à la difficulté de consulter, de visu, certains documents déposés dans de lointaines bibliothèques, un(e) bon(ne) chercheur/euse doit pouvoir y faire face en redoublant d'imagination.
Je pense, par exemple, à des interviewes très rares de Marguerite Duras - qui pourtant était fort appréciée des médias - qu'il a fallu transcrire entièrement - d'où l'utilité de la dactylographie - pour y dénicher quelques scoops.
Je pense encore à ceci : un ouvrage rare sur le droit de perpétuité de la propriété intellectuelle et édité en 1855. Problème, on est intéressé par un passage localisé entre les pages 17-19, mais le texte n'apparaît que sous la forme d'une image scannée et est trop long pour être retapé.
Question pratique : comment récupérer un texte de "n" pages en tous petits caractères, numérisé par Google, sans avoir besoin de tout retaper ?
Pour ça, il existe une petite recette qui requiert tout de même un minimum de doigté.
Réponse (peut-être) dans un prochain chapitre !
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